Sanchin

Sanchin signifie 3 frappes ou 3 batailles ce qui peut faire référence par exemple à la coordination de la posture, la respiration et les mouvements des bras ou à l'unification du corps, du mental et de l'esprit.

C'est le Kata fondamental du style Goju-Ryu. Mais il est plus que cela : il fait partie de l'héritage commun à tous les styles ; issu du Naha-Te (Shorei-ryu), il insiste sur la concentration et la force (contrairement au Shuri-Te, puis Shorin-ryu, qui privilégient la vitesse d'exécution). Il représente le travail de base par excellence, qui permet d'acquérir stabilité de la position, puissance et coordination musculaire, maîtrise du souffle et, au-delà de l'intégration de ces éléments physiques, de déboucher sur un certain état mental. Comme tous les Kata dit "respiratoires" il apparaît simple mais cache une complexité réelle car ici l'imitation extérieure est relativement facile. Seul un professeur compétent et sincère peut vraiment faire progresser dans l'exécution de Sanchin.

L'histoire de ce Kata ressemble à celle de Seisan : Sanchin entre en effet à Okinawa par deux voies, celle de Kambun Uechi (qui le transmet tel quel dans son style, où il se travaille encore avec les mains ouvertes) et celle de Kanryo Higaonna (qui lui donna le développement le plus important et le modifia pour l'exécuter mains fermées). Chogun Miyagi modifia encore cette dernière version. Alors que l'ancien Kata Seisan devait évoquer le principe "souple", l'ancien Kata Sanchin reposait sur le principe "dur". Higaonna enseignait ce Kata en trois temps séparés et successifs : le déplacement, la position et le maintien, enfin la technique et la respiration.

Deux importantes modifications sont intervenues au niveau de la transmission du Kata :

  1. Au niveau de la respiration : autrefois, Kanryo Higaonna inspirait et expirait brièvement et avec force (comme cela se pratique encore en Uechi-ryu). Son disciple Chojun Miyagi changea la manière de respirer en inspiration longue et profonde suivie d'expiration également longue et profonde, en flot puissant et continu.

  2. Au niveau du schéma d'exécution technique : Kanryo Higaonna avançait de 3 pas, tournait, avançait à nouveau de 3 pas, tournait, reculait d'un pas. Le retour à yoi s'effectuait en ramenant le pied gauche contre le droit. Chojun Miyagi enseignait 3 pas en avant, suivis de 3 pas en arrière, mais sans pivot, le retour à yoi s'effectuait avec retour du pied droit vers le gauche. De ces 2 manières fondamentales, que l'on peut trouver aussi intéressante l'une que l'autre, sont nées des formes hybrides, selon les branches actuelles du Goju et ses experts.

A noter également que le Kata Sanchin pratiqué en Shito-ryu fait 3 pas en avant, un pivot, un seul pas en sens contraire avec un nouveau pivot, pour un nouveau pas en avant suivi d'un seul pas en arrière, puis retour du pied gauche contre le droit.

En Kyokushin, on fait 3 pas en avant, un pivot, 1 pas en sens contraire, un nouveau pivot, suivi d'un pas en avant puis de 2 pas en arrière pour terminer en position yoi par retour du pied droit contre le gauche. La respiration utilisée en Kyokushin est ibuki (inspiration rapide par le nez, expiration sonore par la bouche avec le hara plus longue que l'inspir (ibuki est une respiration très tonique).

Techniquement les mouvements sont simples et répétitifs morote-chudan-uchi-uke, chudan-gyaku-tsuki, uchi-uke, nukite et pour finir 2 mawachi-uke, le tout sur le même axe et toujours en sanchin-dachi.

Sosai OYAMA a souvent parlé de la coordination entre la réflexion, l'esprit et les techniques, il y a 3 principes vitaux de Sosai Oyama pour la maîtrise du Kata :

  1. le rythme de la technique

  2. les points de puissance

  3. le contrôle de la respiration

Ces 3 points peuvent aussi être considérés comme les 3 points de coordination dans le Kata Sanchin.